De la lecture à l’écriture : Un voyage de transformation créative et cognitive

 

Le passage de la lecture à l’écriture constitue un parcours fascinant qui met en jeu non seulement des compétences techniques mais aussi des processus cognitifs et créatifs profonds. Ce cheminement est un mélange complexe de découverte, d’apprentissage et d’expression, et il transforme radicalement la manière dont une personne perçoit et utilise le langage. Dans cet article, nous explorerons les différentes étapes de ce parcours, tout en examinant comment la lecture et l’écriture se nourrissent mutuellement et favorisent le développement intellectuel et créatif de l'individu.

"La lecture est la porte par laquelle on entre dans la pensée de l’autre." Jean-Jacques Rousseau

                    

1. La lecture : Le socle de l’acquisition du langage

La lecture constitue la première étape essentielle de ce parcours. Dès les premières étapes de l’apprentissage, l’individu est confronté à un acte de décodage. Le processus de lecture commence par l’identification des mots et des phrases, et progressivement, il permet de comprendre le sens global du texte. Il est important de souligner que la lecture va bien au-delà du simple fait de « déchiffrer » des mots. Selon le philosophe et pédagogue Jean-Jacques Rousseau, "La lecture est la porte par laquelle on entre dans la pensée de l’autre." Elle permet de tisser des liens avec le monde intérieur de l’auteur et de s’imprégner des idées, des émotions et des visions du monde.

À ce stade, la lecture sert principalement de moyen de compréhension et d’acquisition de nouvelles connaissances. Par exemple, la lecture d’œuvres de fiction expose le lecteur à de multiples perspectives sur la condition humaine, à des univers variés et à des personnages profonds. Dans le cadre de l'éducation, des livres comme Les Misérables de Victor Hugo ou Le Petit Prince d’Antoine de Saint-Exupéry ouvrent des portes à des réflexions philosophiques et sociales tout en nourrissant la sensibilité du lecteur.

Cependant, cette étape ne s'arrête pas à la simple absorption d’informations. La lecture devient progressivement plus analytique à mesure que l’on grandit. Le lecteur apprend à repérer les structures narratives, à décoder les symboles, à comprendre les contextes et à critiquer le texte. Dans L'Art de la lecture, l’écrivain et philosophe Milan Kundera affirmait que "La lecture est un dialogue silencieux avec l'auteur" et, à travers ce dialogue, la lecture devient un moyen de comprendre les subtilités du langage et les intentions profondes de l’écrivain.

La lecture est l'un des piliers solides du savoir, du savoir faire et du savoir être.

2. L’écriture : De l’expression personnelle à la maîtrise technique

Une fois la lecture acquise, l’étape suivante dans ce parcours est l’écriture. Le passage à l’écriture, cependant, n’est pas simplement une retranscription de ce que l’on a appris à travers la lecture. L’écriture est un acte créatif, un moyen de faire émerger des pensées, des idées, des émotions, mais aussi de structurer et d’ordonner la réalité. Cela va de la rédaction d’un simple texte à une œuvre littéraire ou philosophique complexe.

Au début de ce processus, l'écrivain novice peut se trouver en face d’une page blanche, hésitant à exprimer ses idées. Dans Le Drapeau de Jean Giraudoux, il est souligné que "le silence est un acte de parole" et que l’écriture commence souvent par une confrontation avec le vide avant de se concrétiser. L’écrivain doit d’abord trouver ses repères et apprendre à organiser ses idées de manière fluide et cohérente. À ce stade, l’objectif est d'exprimer clairement ce que l'on pense. La pratique régulière et les premiers essais permettent de développer un style d’écriture personnel.

L’étape suivante de l'écriture consiste à maîtriser les aspects techniques : la syntaxe, la grammaire, la ponctuation et l'orthographe. Pour beaucoup, cela représente un défi majeur. La maîtrise des règles linguistiques et des structures syntaxiques n’est pas seulement une question de forme ; elle est également nécessaire pour donner du sens et de la clarté aux idées. L’écrivain qui réussit à dominer ces techniques est capable de rendre ses pensées accessibles et de s'assurer que le lecteur reçoit le message de manière précise.

L’écrivain, tout comme le lecteur, se nourrit des œuvres qu’il a lues.

3. L’interaction entre lecture et écriture : Un cercle vertueux

L'un des aspects les plus intéressants du parcours de la lecture à l’écriture est la manière dont ces deux activités s'enrichissent mutuellement. L’écrivain, tout comme le lecteur, se nourrit des œuvres qu’il a lues. Chaque livre ou texte lu devient une sorte de modèle de style, de structure et de contenu. Cela est particulièrement visible dans le cas des écrivains qui, à travers leurs lectures, s’imprègnent de la langue et des différentes façons d'explorer la narration.

Par exemple, un écrivain qui lit des romans de Flaubert, de Proust ou de Virginia Woolf peut s'inspirer de leur maîtrise du style indirect libre ou de leur capacité à explorer la psychologie des personnages. Selon Roland Barthes, "La lecture est la matrice de l'écriture", et cela est particulièrement pertinent pour les écrivains en herbe. Ils s’approprient les codes littéraires, mais ils sont aussi poussés à expérimenter et à s’affranchir des conventions pour développer une écriture personnelle et originale.

D'autre part, l'écriture elle-même influence la lecture. Un écrivain aguerri lit non seulement pour le plaisir, mais aussi pour analyser les techniques des autres auteurs. Chaque texte devient une étude de cas. Comme le souligne l'écrivain Raymond Carver, "Écrire, c’est apprendre à lire autrement." Ainsi, l'écriture améliore la capacité de lecture en permettant au lecteur de décoder plus profondément les stratégies de narration, les jeux de langage, et les intentions des auteurs.

L'écriture est un outil de réflexion et de transformation personnelle.

4. L’écriture comme moyen d’expression personnelle et de transformation

Une fois le processus de lecture et d'écriture bien entamé, l'écriture devient un moyen d'expression plus profond. C’est un outil de réflexion et de transformation personnelle. L’écrivain prend alors conscience de sa capacité à structurer ses pensées et à les partager avec les autres, créant ainsi une forme de dialogue entre lui et ses lecteurs. L'écriture, dans ce cas, devient un outil d’exploration de soi-même et du monde qui l’entoure.

Les écrivains comme Albert Camus et Simone de Beauvoir ont utilisé l’écriture comme un moyen d’aborder des questions philosophiques et existentielles. Camus, par exemple, dans L’Étranger, utilise l'écriture pour explorer l'absurdité de la condition humaine, un thème qu'il a également développé dans ses essais philosophiques. Par l’écriture, il interroge le sens de l’existence, tout en ouvrant un espace pour que le lecteur puisse réfléchir à sa propre vie.

5. Conclusion : Un parcours sans fin

Le parcours de la lecture à l’écriture est un processus continu qui transforme non seulement la manière dont nous utilisons le langage, mais aussi notre rapport au monde et à nous-mêmes. À travers la lecture, nous acquérons des connaissances, nous nous imprégnons de différentes cultures et nous comprenons mieux les autres. En écrivant, nous avons la possibilité d’exprimer notre propre vision du monde et de structurer notre pensée. Ce parcours n’a pas de fin définitive, car la lecture et l’écriture sont des activités interconnectées qui se nourrissent mutuellement tout au long de la vie.

Imprimer ses écrits c'est leur donner vie pour la vie.

Par: Said HARIT